La beauté à la Belle Époque : la naissance de la cosmétique moderne

La période qu’on appelle La Belle Époque s’étend de 1880 après l’avènement de la IIIe République à 1914, veille de la 1ʳᵉ Guerre Mondiale. Cet âge d’or a marqué une révolution pour les femmes, notamment en ce qui concerne l’univers de la beauté. C’est une période marquée par l’innovation qui ouvre la voie à la cosmétique moderne axée sur les soins anti-âge, crèmes anti-ride, soins de visage, crèmes hydratantes, etc ...

Mais avant toute chose, un petit rappel historique est le bienvenue.

La Belle Époque : plantons le décor 

La période est l’une des plus riches de l’histoire artistiquement. En littérature, c’est l’ère de Maupassant, Mallarmé, Zola, Proust, Colette, Apollinaire, en peinture, Toulouse-Lautrec, Renoir, Monet, Van Gogh, Mucha, Munch et Klimt se sont côtoyés, en musique, la Belle Époque a vu émerger Debussy, Gounod ou encore Satie. C’est aussi l’âge d’or d’Haussmann et l’avènement de l’architecture moderne. La ville de Paris change de visage avec ses immeubles et ses stations de métro Art Nouveau, ses gares et ses monuments d’acier et de verre, ses grands magasins, la tour Eiffel. 

Par ailleurs, si la pauvreté est loin d’être éradiquée, le pouvoir d’achat de la haute société et du “demi-monde” augmente et de plus en plus de femmes modestes voient leur niveau de vie s’améliorer. Les femmes deviennent des consommatrices et deux secteurs vont ainsi se développer : la mode et la beauté. La Belle Époque marque donc un tournant dans l’histoire de la cosmétique. 

La presse féminine voit alors le jour et dicte les tendances avec les revues La Mode de Paris, L’Illustrateur des Dames, La Mode Universelle, La Mode pour tous que les femmes consultent avant d’aller faire du shopping. Elles contiennent des publicités pour des gaines, des cosmétiques, des produits d’hygiène et des élixirs miracle. Les maisons d’éditions sortent aussi des livres à destinations d’un public féminin, Règles du savoir-vivre dans la société moderne, La Maîtresse de maison et l’art de recevoir, Traditions culinaires, La correspondance, La Femme dans la famille, Le Cabinet de toilette, Indications pratiques pour obtenir un brevet de femme chic, Usages du monde. Ce sont de véritables best-sellers.

Les icônes de la Belle Époque 

Toute époque a ses icônes. Liane de Pougy, Cléo de Mérode, Adrienne d’Alençon, la belle Otéro (Caroline Otéro), Valtesse de la Bigne et même Mata-Hari sont celles de la Belle Époque et les femmes sont prêtes à user de tous les artifices pour leur ressembler. 

Elles suivent alors les recettes “maison” des livres précédemment évoqués. Elles contiennent des ingrédients controversés mais aussi des ingrédients qu’on utilise encore aujourd’hui dans la cosmétique naturelle : eaux florales, huiles essentielles, teintures, vinaigre, huile d’amande douce, beurre de cacao, talc, farines, etc. 

La naissance de l’industrie cosmétique

Le secteur des produits de beauté, après un premier essor au début du XIXe siècle, va se développer de manière inédite à la Belle Époque. Les magasins de cosmétiques, les cabinets de toilette et les salles de bain sont devenus monnaie courante dans le quotidien des bourgeois. Mais si les cosmétiques étaient jusque-là un luxe inaccessible à la plupart des femmes, le secteur commence à se démocratiser à la fin du XIXe siècle. 

En 1856, une première gamme de produits cosmétiques non luxueux est lancée par la Parfumerie des familles, composée d’eaux de toilette, pommades et cold creams. Ensuite, les innovations se succèdent, premier fard non gras pour le teint, premier rouge à lèvres en tube, première crème hydratante longue conservation, etc. Les laboratoires s’ouvrent les uns après les autres, dont en 1907, la Société française de teintures inoffensives pour cheveux, qui deviendra ensuite L’Oréal


Les marques de cosmétiques commencent à se créer pendant la Belle Époque, L.T. Piver , Houbigant, Coudray, Guerlain, Molinard, Roger & Gallet, T-LeClerc, Berdoues, Caron, Coty, Diadermine, L’Oréal, Nivea, Les parfums de Rosine/Paul Poiret, etc. 

Que trouvait-on dans les coiffeuses des femmes entre 1880 et 1914 ?

À l’exception de la poudre de riz pour avoir le teint clair, le maquillage était réservé aux artistes et aux femmes “de petite vertu”. En revanche, on multiplie les crèmes et soins visage à base de produits naturels, cire d'abeille blanche, blanc de baleine, eau de rose. On y ajoute de la teinture de benjoin, de l'extrait de lis, de la glycérine. Les ingrédients phares sont encore d'origine naturelle : eau de rose, essences aromatiques (huiles essentielles) et teintures, eaux florales, tannin, vinaigre, amidon, poudre d'iris, poudres minérales, lanoline, etc. Mais les ingrédients chimiques commencent à faire leur apparition dans les soins visage, acide borique (borax), bicarbonate de soude, acide tartrique, vaseline (issue du pétrole) ainsi que les produits animaux -, blanc de baleine, huile de vison, axonge, etc. 

Ce n’est que bien plus tard que les cosmétiques type crème visage, sérum ou masque seront concernés par des considérations éthiques, écologiques et sanitaires